Vignettes

6 janvier 2020   |   by zoe

Eva Heiss
Nous sommes en 1965. J’ouvre mon agenda pour écrire et aussi pour m’apaiser.
La souffrance est envahissante. John m’a dit hier soir de me méfier de ma fragilité. Mais n’est ce pas cela qui me fait créer et tenir ? La forme est dure. Je me heurte à ces murs solides – je me heurte à la matière – j’aimerais une forme molle – flexible – comme un intérieur – comme un corps au repos.

Ana Mandieta
Grand soleil aujourd’hui. De la tour, je vois l’horizon, ou presque. C’est un paysage d’arbres lointains sombres et verts.
Ma silhouette s’inscrira dans ce paysage. Mon corps rose et tendre flirte avec le chaos. Mon squelette dur épousera le sol.

Lygia Clark
Dans un entremêlement de fils et de formes, je perçois l’humanité de cette personne face à moi.
Sa présence est faite de mouvement, de bruit, d’odeur, de sons articulés et intelligibles. Sa voix sort de son thorax, de sa gorge, de sa bouche, pour dire : « Maman ».

Valie Export
Ma touffe à l’air libre, un gros calibre, une 22, dans les mains. Je ne leur fais pas peur. Ça les fait rire. Pourtant je prend un air menaçant : je regarde droit devant moi, en baissant légèrement la tête pour accentuer mon regard furieux. Mais ils rient …

Meret Oppenheim
Quoi de plus désagréable que d’avoir un poil fin dans la bouche ? Fourrure de lapin, colle, tasse et soucoupe de Mme Lebruchec. Ils furent étonnés et ravis par ma petite trouvaille, une simple farce à l’intention de Man.
Dans les années 60, beaucoup de femmes artistes ont existé, elles ont fait un travail frais et original.
Voici une vingtaine de piécettes tirées d’un journal intime qu’elles n’ont jamais tenu.