Danse Butô

6 janvier 2020   |   by zoe

J’ai souhaité participer à un stage de danse butô, pour en avoir un aperçu.
Depuis quelque temps je recherchais une activité physique, qui engage le corps et qui ait du sens pour moi. Je me disais que faire de la danse était une bonne idée, mais quelle danse ?
C’est par l’intermédiaire d’une amie danseuse que j’ai découvert la danse butô. En effet j’ai assisté à une représentation de 7 duos de musiciens-danseurs. Le premier duo m’a particulièrement plu et marqué. Deux personnes (il était difficile de distinguer s’il s’agissait de jeunes femmes ou hommes) ont joué une pièce étrange, conceptuelle et légère.
Arrivées sur scène (j’ai pu voir au cours de cette représentation qu’il s’agissait de deux jeunes femmes) ; la danseuse japonaise a déroulé sur le sol, deux bandes de scotch large de façon perpendiculaire, partageant la scène en quatre parties. Puis la musicienne a créé des sons à partir d’enregistrement des coups de crayons sur des feuilles qu’elle était seule à voir puisque face à la scène.
La danseuse, après s’être déchaussée de bottines en gros cuir, effectuait des mouvements lents et étranges, en se déplaçant dans les 4 zones, gardant sur son visage et dans son regard une expression « éclairée », calme et légèrement drôle, avec un léger sourire.
A l’issue du spectacle, je me suis adressée aux artistes qui m’ont expliqué qu’il s’agissait en partie de butô. Voici l’origine de mon intérêt pour cette danse.
J’ai donc recherché des lieux qui en donnaient un apprentissage. Je suis aussi allée voir un spectacle rue Bertin Poirée, association japonaise qui donne des festivals de danse butô. Puis un autre spectacle de fin d’année d’un professeur de danse butô qui enseigne près de chez moi.
Le stage que j’au suivi début août a été physiquement intensif, fatiguant, à tel point que manquant d’entraînement physique, j’ai dû rater 4 heures de cours.
La danse butô est une danse des métamorphoses. Ce n’est pas la volonté, le mental qui dirige les mouvements, mais l’impulsion doit venir du corps.
La nécessité de bouger doit être déclenchée par une impulsion nécessaire « venant du corps ».
Pendant les cours (ou l’entrainement), nous (le groupe d’élèves), sommes bercés par la voix du professeur qui donne des images, des mots. Par exemple la tête de l’idiot c’est des limaces sur les sourcils, des étoiles dans le nez. Ou alors, le corps se vide de sa substance devient une carcasse vide. Ou le corps est envahi d’insectes. Ou être ivre de vent en courant la bouche grande ouverte.
Nous avons aussi fait des improvisations dans des lieux de nature. Chacun d’entre nous a choisi un endroit. Puis a décidé d’une position initiale, intermédiaire et finale. Ce qui animait le parcours entre les trois « états » était la texture des arbres, du sol, des feuillages.
Nous devions, en contact avec la texture, en saisir les particularités et ces sensations nous amenaient à réaliser des mouvements, soit d’insectes sur des feuilles, soit en mimétisme avec la croissance de l’arbre etc.
Hijikata, qui a inventé cette danse en 1959, travaillait aussi beaucoup avec les idéogrammes japonais qu’il éclatait, réassemblait, modifiait la place de certains traits.
Le butô est aussi appelé danse des ténèbres. Ce qui m’intéresse dans le butô c’est l’ouverture apportée. Le corps est créatif et il n’y a pas de discipline rigide à respecter ou des mouvements imposés à répéter. La danse butô apporte une grande liberté au sein de la danse et je dirai même au sein de la culture humaine.
Ce qui me plaît aussi c’est de sentir mon corps avec plein de virtualités, de potentialités.
Au retour de ce stage – j’allais dire de mon voyage – je me suis rendue compte à quel point les codes sociaux passent par les gestes et comment un corps créatif peut poser question.
J’aimerai poursuivre mes recherches en danse butô car je sens que ça travaille le langage chez moi et la création, que ça ouvre des potentiels, des horizons.

25/08/2010